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Chapelle Saint Jacques et Saint Antoine Ermite, XVème siècle, forêt de Marlioz, Haute-Savoie, France, restaurée en 2012

Rénover!

Rénover vient des mots latins renovare (renouveler) et de novus (nouveau). Et c’est bien là tout le paradoxe de la rénovation: faire du neuf avec de l’ancien, envisager le vieux comme socle au nouveau ou bien détruire et reconstruire? Réutiliser plutôt que jeter, ­rénover / restaurer plutôt que détruire, penser le bâti comme un moyen de trouver des ­solutions durables et non comme un problème à supprimer.
Grégory Baubiet (texte et photo)
La rénovation n’est pas un fait nouveau. Dès le XIXème siècle, le développement du Romantisme, l’attrait pour l’ancien et la naissance de l’archéologie notamment en Angleterre posent toutes les questions quant à la rénovation. L’attrait pour la ruine grandit en Europe. On se rend dès lors compte qu’il existe un passé construit avant soi et qu’il est de bon ton de porter un regard et un jugement dessus, c’est un effet de mode marqué.

Dans ses Sept Lampes de l’Architecture paru en 1849, l’auteur anglais John Ruskin propose de rénover non pas le bâtiment mais l’architecture en lui inculquant une série de règles strictes. Il prône alors le refus de toucher au bâti, concevant ce dernier avec une vie propre et donc une mort à accepter comme telle. Son contemporain, l’architecte français Viollet-le-Duc a une vision opposée. Il est alors en charge de la restauration d’édifices médiévaux dans toute le France mais aussi par exemple la cathédrale de Lausanne à la fin de sa vie. Pour lui, l’intervention se justifie totalement et n’est que dans la lignée de la vie du bâtiment, c’est également un choix politique.

La rénovation est donc un effet de mode en lien très fort avec la vision de son époque.

C’est plus récemment devenu un besoin en milieu urbain, car l’étalement ne peut indéfiniment se poursuivre. C’est enrichir, économiser et préserver l’existant.

La notion du patrimoine et les valeurs du bâtiment

Le bâtiment existant possède une valeur patrimoniale.

Du latin patrimonium, le terme signifie d’abord l’héritage du père. Cela s’inscrit dans un système de filiation. L’UNESCO considère que « le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir.»

La valeur économique

Est-il plus avantageux économiquement de rénover ou de démolir / reconstruire? Ceci met en avant l’importance du programme et de sa définition précise. L’usager se laisse-t-il influencer dans ses choix par le rôle joué avant lui par le bâtiment? Par la pression sociale? Par le monde politique?

La valeur écologiqueRénover peut permettre une réduction de la consom­mation d’énergie qui dans le bâtiment représente ­aujourd’hui encore la moitié de la consommation globale en Suisse.

Emballer la construction, l’isoler par l’extérieur sur toutes ses faces règle les pertes thermiques. Mais jusqu’à quel point est-ce possible et jusqu’à quel point l’intervention peut-elle impacter l’aspect visuel d’origine? La vraie question est de savoir s’il faut garder cet aspect, soit pour traiter l’isolation par l’intérieur soit accepter de gonfler le gabarit du bâtiment si cela est permis au regard légal.

On n’envisagerait pas d’emblée d’isoler une église ni par l’extérieur ni par l’intérieur simplement déjà parce que le bâtiment n’est peut-être pas ou peu chauffé et pas habité.

Dans tous les cas, comment traiter les embrasures de vitraux, les modénatures etc?

Cette notion d’économie d’énergie passe peut-être de manière bien plus forte par l’utilisation adéquate du chauffage que des produits isolants ultra-performants mais également ultra-énergivores pour leur fabrication. Dans le cas d’une église, un nouveau crépi peut déjà légèrement pallier la passoire thermique des murs, sans oublier qu’ils conserveront leur respiration sans être rendus imperméables.

Il y a difficulté à ne pas faire du bâtiment un produit de consommation comme les autres.

Qu’est-ce que rénover signifie aujourd’hui pour l’architecte?

Il existe une notion forte de respect du bâtiment, de sa vie propre et de ses usagers.

L’architecte se retrouve devant le construit d’un autre, ou bien d’un autre temps ou bien les 2. Les constructions sont érigées pour des centaines d’années.

La question de l’humilité est importante, sans devoir tomber dans le pathos extrême qui voudrait que l’on conserve les traces de tout passé, bon ou mauvais d’ailleurs si l’on arrive à le classer d’un côté ou de l’autre. La difficulté est de placer le curseur au plus juste et au plus souhaitable.

Faut-il conserver la trace d’un passé qui a pu être violent? Séisme, incendie, destruction, guerre, mais aussi activités illicites… Un exemple à voir avec le quartier du Chiado à Lisbonne rénové par l’architecte Alvaro Siza suite à un incendie en 1988. Il redonne son rôle à l’espace public et à ses façades partiellement détruites.

Rénover de manière fine et subtile peut vouloir dire accepter une part de mystère et de dégradation naturelle car devoir tout dévoiler et tout rénover n’est probablement pas possible et peut-être pas souhaitable.

On pourrait dès lors envisager de travailler le bâtiment existant à la manière d’un dessin: la gomme de la rénovation peut effacer une trace sans jamais com­plètement la supprimer. Par conséquent, on peut en jouer: effacer certaines parties pour mettre en valeur celles qui restent et même aller jusqu’à en proposer une nouvelle lecture.

Ou bien gommer dans l’idée que l’on va masquer ce qui a été écrit auparavant pour proposer une nouvelle histoire par-dessus et sans lien. Celui qui gomme sait très bien qu’il RÉ-écrit, en cela son discours n’est-il d’ailleurs pas influencé?

D’un autre point de vue, rénover signifie se servir d’un élément pour en faire quelque chose, le travail ne démarre pas devant une page blanche et cela oblige à faire des choix rapides et sous contraintes, d’où une méthode de travail intéressante et riche. En fonction d’une série de critères, on pourrait penser une grille avec des degrés d’intervention, par exemple:

Degré 1: rénovation sporadique synonyme de maintien du bâti avec simple entretien / réparation

Degré 2: rénovation légère synonyme d’amélioration du confort (visuel, thermique, sonore, écologique)

Dégré 3: rénovation importante synonyme de changement d’affectation avec possible démolition partielle

Degré 4: rénovation complète de tous les aspect du bâtiment et modifiant ce dernier de manière structurelle (assistance et / ou modification du système porteur actuel)

Degré 5: rénovation impossible car trop risquée ou trop coûteuse, amener le débat vers une autre solution.

Rénover et/ou recycler?

Utiliser les matières locales pour construire oui, mais autant entrevoir la possibilité d’employer des ressources locales même détournées pour des interventions légères non dégradantes: bottes de paille, laines de roches, de chanvre, de moutons etc…

Plusieurs associations ont à coeur de donner à voir ce qui peut être remis en état et en fonction: la commu­nauté d’Emmaüs permet une (ré)insertion par la remise en état et revente d’objets de seconde main, faisant appel à un savoir-faire et donnant un rôle concret aux personnes en difficulté. Plus proche du monde de la construction, l’association Materiuum à Genève récupère des objets de chantiers notamment avant qu’ils ne soient jetés pour les réinjecter dans le système.

Pourquoi ne pas envisager la mise en place systématique d’une telle boucle pour tous les chantiers de rénovation par exemple où la quantité de matériaux jetés avant même d’avoir commencé à rénover est gigantesque?

Il s’agit de sortir des objets et / ou des restes d’objets pour les montrer en tant que tels, pour les rendre objets à nouveau: les ballots de papier compressé des usines sont si denses qu’ils ne peuvent pas prendre feu, tout comme les bottes de paille compressée, ils s’empilent etc… libre à chacun de s’en servir: supports pour exposition temporaire, protections provisoires de zones de chantiers etc…

Ce ne sont pas les idées qui manquent ni les acteurs mais peut-être juste le fait d’oser passer le palier suivant qui serait de rendre ces initiatives systématiquement concrètes et ce de manière durable. Oser faire les choses même à une échelle privée, accepter enfin que le cycle de l’objet neuf quel qu’il soit est saturé tant dans la construction que dans la consommation de masse. Les notions de réversibilité et de recyclage sont à poursuivre dans la rénovation. Il ne faut pas oublier non plus le bon sens avec le respect des ressources et des cycles naturels, par exemple que l’électricité n’existe pas telle quelle dans la nature.

Rénover, c’est faire un choix. C’est donc précisément le rôle de l’architecte.

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