Pourquoi ce thème dans l’architecture contemporaine semble-t-il être si souvent devant nos yeux? S’agit-il de rendre la construction froide et impersonnelle, d’éviter à tout prix le jugement? De répondre aux politiques en les subissant? Ou bien est-ce que construire neutre veut dire favoriser les qualités spatiales intérieures et leur appropriation ?Depuis plusieurs décennies, il est souvent dit que notre environnement bâti est terne, insipide, d’une banalité affligeante. On passe parfois devant des quartiers entiers, des zones commerciales où le propos architectural est bien loin de la préoccupation principale du lieu. A l’inverse et de tous temps, les lieux de cultes dans toutes les civilisations ont toujours eu une valeur, non-neutre, dans son architecture et usage. Le bâtiment est alors symbole: de la collectivité, de l’Etat, de la dictature… comme un moyen d’asseoir et de montrer le pouvoir en place. Resterait alors le logement collectif, qui serait notamment au XIXe siècle, l’objet architectural le plus standardisé au même titre que le lieu du travail ouvrier. Plus récemment, les zones pavillonnaires posent aussi la question de la limite à l’étalement. Aux Etats-Unis par exemple se sont bâtis d’immenses quartiers résidentiels malheureusement neutres dans le mauvais sens du terme car chaque domicile est une copie de celui de son voisin: un accès à la voiture qui rentre presque directement dans la maison (le garage), le terrain à tondre et éventuellement la piscine, résumant le bonheur et la réussite sociale.
A l’inverse, dans de nombreuses villes, certains quartiers se remplissent de bâtiments construits pour eux-mêmes sans aucune considération pour les autres dans le but d’être le plus reconnaissables possibles. Chacun se veut le plus emblématique, sans réflexion globale. Le risque est donc de neutraliser l’espace public adjacent, rendant le parcours fade tellement il est noyé sous les objets architecturaux qui fonctionnent pour eux-mêmes. Le système se retourne donc sur lui-même, en effet si chaque bâtiment est fait pour être un totem, tous les totems entre eux finissent par s’annuler. Ne faudrait-il pas inverser et travailler d’abord l’espace extérieur à la manière du plan Nolli et du thème du poché ?
Vive la diversité
Tous les lieux qui fonctionnent sur le plan urbain possèdent la donnée suivante: lorsque le plein et le vide se définissent l’un l’autre, la question de la neutralité de l’architecture ne se pose même plus. Les centres historiques des villes, les lieux urbains les plus visités sont bien souvent basés sur ce modèle de plan et de densité et ce n’est sans doute pas pour rien que ces lieux sont si attractifs. Le travail de diversité peut alors se faire dans la façade, dans le détail qui devient par la même perceptible.
Au Japon, rien est neutre. Bien que les matériaux soient parfois bruts, répétitifs, le résultat ingénieux découle d’un espace à bâtir restreint demandant une réponse formelle certes rationnelle mais d’une grande richesse.
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